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Fabula Ultima : l'émulation parfaite du JRPG ? (partie 1)

La couverture de fabula Ultima, jdr des JRPG
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thumbAprès des années à profiter de la qualité des jeux de rôle suédois, voici que la créativité du voisin italien gagne à son tour une réputation très positive dans le monde rôliste. Avec des productions de qualité et récompensées comme Brancalonia, Broken Compass, Inferno ou Lex Arcana, les succès s’empilent et attirent la curiosité. C’est ainsi qu’en fin d’année 2022, Don’t Panic Games a proposé en financement participatif la localisation de FABULA ULTIMA par Emanuele Galletto.


Fabula Ultima a pour ambition d’émuler les « JRPG », les jeux vidéo japonais comme Final Fantasy, Chrono Trigger Quest ou Octopath Traveler. Ambitieux, car si les codes du JRPG sont assez identifiables, les retranscrire correctement dans un jeu de rôle n’est pas chose aisée malgré les liens évidents notre bon vieux medfan.

Alors, pourquoi est-ce différent cette fois ? Pourquoi est-ce que cela fonctionne comme par magie dans Fabula Ultima, sans avoir l’impression de tordre des mécaniques ultra-poussées et des archétypes donjonesques ?
Pour mieux saisir les relations entre la mécanique, l’expérience de jeu et l’immersion dans le genre JRPG, voyons ce premier article les règles et le fonctionnement de Fabula Ultima.

Les règles

This is gonna be easy !

La mécanique de base de FABULA ULTIMA est assez classique et épurée. Lorsque les héros rencontrent une difficulté, ils effectuent un jet de dés contre une difficulté fixée par le meneur ou la meneuse : de 7 (facile) à 16 (très difficile). Avec une difficulté normale à 10, et 16 constituant la difficulté maximale du jeu, on comprend vite que le but de la progression d’un personnage ne va pas être de cumuler toujours plus de bonus délirants.
Pour effectuer son test, le PJ utilise ses caractéristiques, notées de Dé6 à Dé12 : Dextérité, Intuition, Puissance et Volonté. Un jet combine deux caractéristiques pour cumuler la valeur de leurs dés. Un jet de Puissance (d8) + Dextérité (d6) à la dague se fait en lançant un dé à 8 faces et un dé à 6 faces. Un jet de discrétion (Dex+Dex) demande de lancer deux fois sa Dextérité, donc 2d6. Si le résultat égal ou dépasse la difficulté, l’action est réussie. Ce fonctionnement est le même pour les PNJ ou pour les rituels, la magie libre. Un double sur les dés à partir de 6 apporte une réussite critique avec un choix à faire dans la liste des aubaines.
Quelques compétences ou objets peuvent donner un modificateur sur un jet. En revanche, ce bonus se limite très souvent à +1/+2 pour les PJ, et +6 pour un ennemi très haut niveau.

Distant worlds

Un héros naît après la création du monde et de son groupe. FABULA ULTIMA n’a aucun univers dédié dans son livre de base : pas de carte établie, pas d’Empire millénaire et de chronologie détaillée. À la place, l’auteur définit trois cadres typiques pour vos aventures :
- La Natural fantasy, où la nature est sauvage, les ruines nombreuses et les villes espacées (Final fantasy X) ;
- La High fantasy, avec ses races à la Tolkien, ses châteaux volants et ses méchants aux coiffures aléatoires (Secret of Mana ou les Fire Emblem) ;
- La Techno fantasy, pour des histoires modernes, plus sombres et des ennemis impitoyables (Final Fantasy VII).

C’est ensuite avec une narration partagée, cadrée par des questions, que le groupe et le meneur construisent l’univers. Ils ajoutent des détails, des villes, remplissent une carte, racontent des habitudes et établissent des idées de danger. Puis, le groupe choisit dans une liste la raison de la création du groupe, son objectif, afin de créer ensuite des personnages. C’est sur cette création commune que le MJ s’appuie ensuite pour ses scénarios.

Listen to my story. This may be our last chance

FabulaUltimaBlue2Un personnage est défini d’abord par son identité (quelques mots qui définissent ce qu’il est, comme « Héritière en cavale »), son origine (dépendant du monde que vous avez créé) et son thème. Ce dernier point est très important, car il forme l’arc narratif et l’orientation du personnage, un fil rouge pour le roleplay autant qu’une mécanique. En effet, pour utiliser les points fabula du jeu (points de chance), il faut pouvoir justifier que l’action en cours est liée au thème, à l’origine ou à l’identité.
Un joueur va alors définir le rôle et l’archétype de son personnage en cumulant des « classes », entre deux et trois à la création parmi les 15 disponibles. Ces classes apportent leur lot de capacités, sorts ou avantages tirés des JRPG les plus célèbres : la Furie pour le corps-à-corps, l’Orateur pour améliorer ses alliés, le Bricoleur pour s’adapter facilement à la situation ou l’indispensable Arcaniste pour invoquer des chimères. Un personnage ne pouvant investir plus de 10 niveaux dans chaque classe, deux Maîtres d’armes dans un même groupe de héros peuvent avoir monté bien différemment leurs profils. Une fois les dés attribués aux caractéristiques, on découle de leurs valeurs les points de vie, points de magie, la défense physique et magique.
Enfin, chaque PJ va établir des liens avec d’autres joueurs, PNJ ou lieux, et les tenir à jour sur sa fiche par un système de mots-clés. Ces liens vont évoluer durant l’aventure et apporter un bonus aux jets moyennant un point fabula.
Chaque personnage, joueur ou non-joueur, possède 6 états qui peuvent lui être infligés pour réduire des caractéristiques (ou un couple de caractéristiques) d’un dé. En réduisant son score d’un niveau en dessous (de d8 à d6 par exemple), la puissance des jets est impactée, mais aussi… La défense physique et la défense magique qui évoluent en temps réel, rendant un personnage plus facile à toucher.

The man with the machine gun

Le combat est évidemment très important dans FABULA ULTIMA, comme dans le genre JRPG. Il utilise le même système de jeu : une combinaison de deux caractéristiques contre la défense magique ou physique de l’adversaire. Les dégâts sont calculés en prenant le dé qui a fait le résultat le plus haut du jet (la « valeur haute ») et en ajoutant le bonus aux dégâts de l’arme ou du sort. Ces dommages sont retirés aux points de vie du personnage. Un ennemi qui tombe à 0 est vaincu, un PJ se retrouve K.O. et subit un désagrément mécanique au choix du MJ (la mort étant un choix du joueur).
Tout le système de dégâts tourne autour d’une combinaison d’affinités élémentaires. Les éléments sont au nombre de 9 : Physique, Air, Feu, Foudre, Glace, Lumière, Poison, Ténèbres et Terre. Selon l’équipement, les capacités des PJ ou le profil des antagonistes, un personnage peut être vulnérable (deux fois plus de dégâts), neutre, résistant (deux fois moins de dégâts), immunisé (aucun dégât) ou même absorber un élément. La tactique d’un affrontement se portera plus sur cette adaptation aux ennemis (leurs faiblesses, leurs forces, leurs types de dégâts infligés) que sur une distance et des déplacements.
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This is your story

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FABULA ULTIMA possède des mécaniques classiques pour le meneur : profils de PNJ avec capacités et caractéristiques, jets de dés à effectuer, difficulté des obstacles à fixer, points ultima pour faire le miroir des points fabula des PJ. Le système propose d’utiliser des horloges, comme des compteurs de progression à plusieurs segments qui se remplissent avec les réussites (rappelant Blades in the dark ou certains PBTA). Ces horloges peuvent servir aux voyages ou toute autre difficulté longue à dépasser (course-poursuite, projet de bricoleur par exemple).
Le jeu ne contenant ni univers, ni scénario (forcément), la partie MJ contient de nombreux conseils pour guider la première séance de création, créer des campagnes et mettre l’accent sur un personnage selon sa classe. Une grande place est laissée à la création d’objets magiques (le fameux « stuff » des JRPG) mais, surtout, à la conception d’antagonistes et de boss. L’accent est mis sur l’équilibrage selon le niveau de l’équipe et sur la variété des capacités possibles pour émuler toutes les mécaniques aperçues dans les JRPG (ou presque). Un bestiaire de 56 créatures permet aux MJ pressés de piocher des rencontres sur le pouce, ou de servir d’inspiration pour des créatures plus coriaces.

Maintenant que le cadre est posé, je vous donne rendez-vous au prochain article pour lier les mécaniques à l'expérience de jeu et à l'immersion dans le genre JRPG !

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Pour aller plus loin dans la découverte du jeu : le patreon de l'auteur, Emanuele Galletto.

Catégorie : Blog
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Kaefer

Conteur d'histoires étranges avec une Voix d'Or, vidéaste chez Dice Story. https://linktr.ee/Dicestory