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Un an de jeu de rôle à l'école #0

Un tableau avec Un an de JDR à l'école écrit à la craie
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Chapitre 0 – Là où tout commence

Bonjour à toutes et tous !

Le jeu de rôle, on nous vente ses mérites à toutes les sauces. Et il faut dire qu'elles sont souvent réussies, ces sauces. Sociabilité, lutte contre la timidité, remède au manque de lecture de notre vie 2.0, mathématiques sans calculatrice (sauf pour Anima), expression libre et imaginative... Beaucoup d'entre vous l'ont peut être connu dans un club au collège, ou au lycée. En périscolaire. Partout, sauf à l'école quoi.

Et c'est justement là qu'intervient cette chronique.

Qui je suis ? Qui je suis ! Certain(e)s m'appellent la voix d'or du JDR, ou bien la terreur du YoutubeGame. Finaliste du Dice, deux fois champion du report des Chopes d'Or. Mais derrière la légende, il y a bien sûr... La vérité ! Plus modeste, il s'agit du professeur des écoles détaché dans les classes handicaps. Dès mes premiers pas en ULIS (une unité scolaire du collège pour des jeunes en situation de handicap qui leur permet, tout de même, des inclusions en classe ordinaire), j'ai voulu tester le jeu de rôle sur les temps d'apprentissage scolaire. Travailler dans le handicap, c'est avoir une liberté bienveillante dans l'organisation, la pédagogie et les supports – du moins, dans ma circonscription.

C'est ainsi que, de fil en aiguille (qui dit encore ça en 2021...), j'en suis venu à utiliser le jeu de rôle dans plusieurs instituts ou classe handicap : avec des jeunes présentant des troubles dys-, des élèves internes avec de gros problèmes comportementaux et, finalement, une classe IEM pour des collégiens avec des lésions cérébrales ou des handicaps physiques très lourds. Des élèves qui, pour certains, ne peuvent simplement pas parler distinctement et pour qui l'ouverture au monde présente peu, même pas d'intérêt. C'est cette classe qui sera la mienne toute cette année scolaire 2021-2022.

 

Déjà, pourquoi le JDR à l'école ?computer at school PS8EWKV

J'ai pu aborder cette idée dans une vidéo, en lien avec le RPG a Day 2021: https://youtu.be/Mpe58LpbXg0

Pour résumer les avantages éducatifs et scolaires que je trouve à ce loisir :

  • La possibilité d'organiser ou d'inclure une pratique ludique dans le thème de la classe (Harry Potter, une année sur les châteaux forts...)
  • La pratique des mathématiques et du calcul par le jeu (additionner ou soustraire à un jet, comparer à une difficulté, marge de réussite, position du nombre...)
  • Travailler les repères spatiaux avec la fiche de personnage, retrouver des informations clés.
  • Travailler le langage, le vocabulaire, l'acquisition et le réinvestissement de mots.
  • Permettre des prises de parole codifiées pour rassurer, encourager l'expression orale.
  • Respect de l'autre, de sa parole, de ses actions.
  • Analyser ses réactions à travers le prisme de son alter-ego.
  • Prendre du plaisir en coopération.
  • Travailler la temporalité, le déroulement d'une action ou d'un récit.

Pourquoi le JDR dans cette classe ?

Le jeu de rôle sera le lien, le fil rouge (on en revient à l'aiguille) de l'année scolaire et des projets de la classe. En effet, les objectifs de la classe externalisée sont les suivants :

  • Acquérir du vocabulaire et s'exprimer
  • S'ouvrir aux autres et au monde
  • Développer son autonomie

Hors, le jeu de rôle peut être un support, un vecteur ou un appui pour chacun de ces objectifs.

Sous quelle forme sera proposé le jeu de rôle ?

Une carte de Muses&Oracles

Les jeux proposés pourront changer dans l'année, évoluer selon les besoins et la pratique. En ce début d'année, voici les supports choisis :

  • Muses&Oracles, des cartes comportant des mots-clés ou des images. Ces cartes sont faites pour l'improvisation et serviront en séances de langage pour utiliser des mots tirés aléatoirement dans un contexte, créer du contenu autour et expliquer leur sens. Les images peuvent également servir à improviser des histoires en cherchant un lien entre elles.
  • Run, Die & Repeat, un jeu de rôle minimaliste se jouant avec un unique dé à 6 faces (D6). La meneuse décrit un cauchemar, un lieu d'où il faut s'échapper. Un PJ va alors tenter de sortir, résoudre une difficulté en énonçant son idée : pas de fiches de personnage ou de compétences. A la fin de son explication, il lance le D6 : sur 1 à 5, il échoue. La meneuse ou la table trouve une manière satisfaisante de lui faire subir le pire et la parole passe au joueur suivant, qui ne pourra pas reprendre la même idée alors que la scène redémarre. Une mécanique proche des jeux vidéos Try and Die en somme.
    En cas de 6, la difficulté est surpassée : on créé comme un "point de sauvegarde" et la narration continue, jusqu'à ce que la meneuse présente une nouvelle difficulté. Généralement, pour une partie d'une vingtaine de minutes, trois difficultés suffisent.
    A la fin du temps imparti, si les joueurs ne sont pas sortis, le cauchemar les avalent tout entier !
  • Les Rory's Story Cubes, un jeu de dés pour créer des histoires. Proches de la mécaniques des images sur les cartes de Muses&Oracles, ils comportent 6 pictogrammes simples (ou thématiques selon le jeu) sur chaque face des dés, permettant des combinaisons de symboles intéressantes pour créer des histoires, des personnages ou des situations. 


Et enfin, quelles adaptations aux handicaps ?
Selon le nature ou la lourdeur du handicap, la pratique du jeu nécessite des variables et des adaptations.

  • Le D6 est beaucoup plus gros, en mousse, avec une constellation "creusée" pour que les élèves malvoyants puissent les lire.
  • Dans certains groupes, le "Run, Die, Repeat" est remplacé par "Run, Fall, Repeat". Le personnage tombe au lieu de "mourir", certains jeunes n'ayant pas encore de recul dans leur pratique.
  • Les cartes sont projetées au tableau, avant de les afficher en grand, ou sur des tablettes pour être manipulées.
  • Il faut vérifier que les élèves non oralisant, possédant une tablette pour dire des mots, ont le vocabulaire nécessaire sur leur application pour participer. Pour eux, deux mots constituent déjà une phrase à décrypter par association d'idées. En cas de besoin, il est possible de créer de nouveaux mots dans leur programme et les associer au bon pictogramme du Story Cube. 

Je vous remercie d'avoir suivi cette introduction et j'espère que vous prendrez plaisir à suivre cette aventure rôliste et scolaire !

Catégorie : Blog
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Kaefer

Conteur d'histoires étranges avec une Voix d'Or, vidéaste chez Dice Story. https://linktr.ee/Dicestory